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COLLECTIF EUROPEEN
D'EQUIPES DE PEDAGOGIE INSTITUTIONNELLE
date : juin 2012

Premières Journées d'étude « Pédagogie institutionnelle et transmission » tenues les 21-22 avril 2012 à l'IUFM d'Alsace, Université de Strasbourg

Accueillis par l'IUFM d'Alsace les 20 et 21 avril derniers, une dizaine de praticiens / formateurs / enseignants / chercheurs, membres de groupes de pédagogie institutionnelle et/ou venus des universités de Paris 8, Paris 12, Cergy-Pontoise, Amiens ainsi que de l'École supérieure de Pédagogie de Karlsruhe, ont participé à une journée et demie de rencontre et d'échanges organisés autour des questions de la formation et de la transmission de la P.I. Chacun/e était porteur d'une manière singulière de pratiquer la pédagogie institutionnelle, porteur, en tout cas, d'un accent, d'un « climat » ou d'une « couleur locale ».

Aujourd'hui, la Pédagogie Institutionnelle a franchi officiellement les portes de l'alma mater. De nombreux collègues ont recours à la P.I. dans la formation initiale et continue des enseignants ; deux Masters d'Enseignement se référent explicitement aux théories et pratiques de la P.I. :

  • la formation bilingue d'instituteurs de l'APRENE (établissement privé supérieur d'enseignement de l'occitan) à Béziers / Institut Supérieur des Langues de la République Française (ISLRF) à Béziers / Université de Perpignan Via Domitia ;
  • le master « Métiers de l'accompagnement des publics à besoins éducatifs particuliers par une pédagogie institutionnelle adaptée » à l'Université de Montpellier 2 / IUFM.

Le but de ces premières Journées d'étude n'était ni une tentative de fédération, ni une volonté de complétude. Il s'agissait plutôt de rassembler quelques personnes pouvant amorcer un dialogue, des échanges, quelques repérages autour de questions actuelles du destin de la pédagogie institutionnelle. Les journées ont commencé par un « tour d'horizon » de ce qui liait les personnes coprésentes à la pédagogie institutionnelle, tour d'horizon qui n'avait aucune prétention à l'exhaustivité ni à l'exclusivité.

Nous vous rappelons quel était l'argument proposé par les organisateurs :
  1. Qu'est-ce qui me pose question, qu'est-ce ce qui fait problème ou qu'est-ce que j'ai l'impression d'avoir plutôt réussi dans le champ de la transmission de la P.I. ou de la formation d'enseignants à la P.I. ?
  2. Qu'est-ce qui me pose question, qu'est-ce ce qui fait problème ou qu'est-ce que j'ai l'impression d'avoir plutôt réussi dans le champ de l'élaboration réflexive de ma pratique de la P.I. ?

Les discussions se sont tenues autour de l'exposé de pratiques de la pédagogie institutionnelle et de la transmission de ce qui s'y fait, écrit et vit, avec la variété, la multiplicité et les différences que l'on observe dans la « constellation » des groupes ; à travers aussi une histoire déjà ancienne, au fil des regroupements, rapprochements, éloignements et séparations qui la constituent.

L'une des lignes qui ont traversé les discussions n'étonnera personne : quel est le sens de ce que nous faisons là ? Tout particulièrement dans le cadre d'une rencontre qui ne se voulait pas être une « reprise » de rencontres existant déjà, ni le remplacement de ce pour quoi elles se révèlent nécessaires et irremplaçables, toutes, à des niveaux spécifiques et selon des critères distincts et propres aux projets des participants.

Autant dire qu'il y a eu du tâtonnement expérimental dans les trois grandes plages de travail qui ont rassemblé ces praticiens-chercheurs, et que cette ambiance n'a déplu à personne après n'avoir été évidente, dans sa signification, pour personne ! Le sens ne se limite pas à « venir faire ce qui nous était demandé »

Cela a permis de l'écoute, c'est-à-dire des flottements (sinon, quelle écoute véritable ?), mais aussi des tensions, c'est-à-dire des moments où chacun était ramené au besoin de « retendre quelques câbles », afin de préciser ce que voulaient dire les mots employés, les réalités auxquelles ils se rapportent, l'éthique qu'ils impliquent, l'histoire dont ils demeurent porteurs, au risque, parfois, de la répéter au lieu de la transmettre. Des séances de travail, somme toute, où les particularismes, qui sont l'une des caractéristiques du champ de la pédagogie institutionnelle, ont été présents, sous-jacents, mais pas (trop) inhibiteurs surtout pour de premières rencontres qui les mettaient au c½ur de leur souci

Ces particularismes ont été accueillis autant comme les marqueurs de la place d'où parlait chacun/e, trace de leur trajet singulier, que comme des phénomènes dont on a pu discuter le sens, interroger les racines, interpréter la portée là encore, avec toute la dimension hypothétique et précaire qu'il faut conserver à de tels propos. Mais, au moins, ces propos ont-ils pu avoir lieu. Sans ce statut de tâtonnement, et donc de fragilité reconnue aux différentes prises de parole, aurait-il pu y avoir de tels échanges ?

Il faut noter la présence dominante de personnes engagées dans la formation initiale. Nos discussions en ont donc été fortement influencées, en particulier sur la question des moyens de transmission de la pédagogie institutionnelle à un public novice (déjà enseignant ou stagiaire).

Comment prendre en charge l'intégration de la pédagogie institutionnelle dans des structures de formation initiale, et dans une certaine mesure, dans la formation continue ?

Trois situations principales se sont rencontrées : la place de la pédagogie institutionnelle dans des formations assurées par l'IUFM, dans des Masters universitaires hors formation IUFM, dans la formation initiale des Calandretas (écoles bilingues occitanes), désormais adossée à un Master universitaire.

Quant à la formation continue, elle était bien évidemment présente dans nos discussions, via les travaux de collègues venus de Paris, de Cergy-Pontoise et de Strasbourg. Notons que les participants aux journées d'étude ont peu parlé du cas, pourtant majeur, des stages de formation des différents groupes de pédagogie institutionnelle. Mais peu de participants à ces journées sont actuellement responsables dans des stages de formation à la P.I.

Comme l'ont fait remarquer certains, il y a actuellement (et paradoxalement dans une période et un champ éducatif bien malmenés) une très grande force en faveur de la pédagogie institutionnelle : rarement des structures universitaires de formation initiale ont mis à ce point la pédagogie institutionnelle au c½ur de leurs Masters de formation quels que soient ensuite le contenu et les pratiques de ces différents dispositifs. La lourdeur et la difficulté à faire naître de tels pôles sont immenses. Cela ne fait pas tout, et n'a pas manqué de revenir une légitime interrogation : « Ces Masters créent-ils plus de classes de PI ? » Pour pertinente que soit la question, on notera pourtant que ces Masters sont, potentiellement au moins, des outils institutionnels, des dispositifs d'échanges et de promotion d'une certaine pédagogie, qu'il faut absolument enrichir, développer, alimenter en vie et en expérience. Comme ils peuvent également être des instruments susceptibles de mettre en valeur un patrimoine existant.

Perspectives

Lors du Conseil de clôture, les décisions suivantes ont été prises. Elles sont volontairement « restreintes » à quelques chantiers, déjà plus ou moins existants dans les pratiques de nombre d'entre nous, mais souvent isolés, et dont nous aimerions aider à la mise en commun :

1. Constitution d'une « médiathèque » pouvant servir à la formation initiale, mais également à tous les praticiens, de façon coopérative :

  • une médiathèque de documents : relativement courts, où est faite la présentation d'une institution, d'un élément de classe, de réflexion, etc. mettant en lumière un point particulier de pédagogie institutionnelle : « point sur », document issu d'un dispositif de classe, etc.,
  • une médiathèque de monographies, sous format texte, vidéo, audio, etc.,
  • une médiathèque de conférences (vidéo, audio, etc.).

Une première liste de cette bibliothèque sera faite au plus vite à partir des premières propositions qui parviendront aux responsables, qui la rendront publique au fur et à mesure. Ces derniers seront aussi des sources de propositions et de demandes. Les différentes personnes ou institutions pouvant répondre à cette demande devront préciser le type de document avec l'échéance du rendu.

2. Création d'un réseau entre les différents Masters présents dans des établissements du supérieur européens.

En particulier, des contacts doivent être pris ou développés entre les Masters de Paris XII, Paris VIII, Cergy-Pontoise, Karlsruhe, Montpellier, l'ISLRF (regroupant entre autres les écoles bilingues occitanes alsaciennes, les Calandretas et les ABCM). Sont également conviées, dans la mesure où cela les intéresse et leur est possible, les institutions belges (proches des CEÉPI).

À terme, il s'agit d'établir/renforcer un réseau permettant deux actions :
Une action de contenu et de méthode :

  • Enrichir et rendre en permanence plus pertinentes les ressources de la formation.
  • Faire partager les différentes sources de travail, de pratique, de réflexion.
  • Permettre aux pédagogues n'enseignant pas en université de voir ce public étudiant et enseignant leur être ouvert sur les bases les plus homogènes possible avec la pratique pédagogique existant dans les mouvements pédagogiques coopératifs.
  • Enraciner ces pratiques d'échanges et d'ouverture, les inscrire au sein de nos cursus de formation initiale.

Une action institutionnelle et administrative :

  • Des échanges et une mise en commun de documents et d'interventions.
  • Des accords institutionnels engageant les institutions universitaires et facilitant des échanges d'étudiants, d'enseignants, etc. En particulier, étude de conventions Erasmus. Le but est d'inscrire dans les textes officiels la présence et la transmission de la pédagogie institutionnelle. Ces actes sont une façon d'entériner et d'assurer administrativement des pratiques d'échanges qui, de toute façon, sont déjà plus ou moins existantes.
  • Éventualité, si les demandes ou les avancées sont au rendez-vous : une réunion avant la fin de l'année.

3. Organisation de prochaines Journées d'Étude dans un an.

La proposition d'accueillir ces nouvelles journées va être faite à l'APRENE, organisme de formation des Calandretas.

L'information quant à ces rencontres est diffusée par les organisateurs de ces journées strasbourgeoises auprès de différents groupes et acteurs du champ de la pédagogie institutionnelle.

4. Ces rencontres auront un statut administratif officiel permettant à leurs participants d'établir éventuellement des ordres de mission, ordres de frais, etc.


Pierre Laffitte, Gerald Schlemminger & Patrick Geffard




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