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COLLECTIF EUROPEEN
D'EQUIPES DE PEDAGOGIE INSTITUTIONNELLE
auteur : ENSD
date : 19 août 1977

Fernand Oury répond à Janine Philip, le 19-8-19771

Pour couper court aux discussions qui risquaient de s'éterniser à propos des noms : GET et PI, discussions qui nous ont accaparés au point de nous empêcher de travailler, dès le retour du chantier2 de Langon, je suis allée poser des questions à Fernand Oury, dans l'espoir de clarifier une situation ambiguë.

 

J. Philip  : Tu t'es retiré des GET, quand et pourquoi ?

FO : A qui je réponds ? à J Philip, au GET Nice, ou aux GET 77 ?

J. Philip : A J. Philip. Sauf avis contraire de ta part, je communiquerai.

FO : J'espérais en 73 pouvoir me mettre en retrait. Je pesais trop lourd pour les GET et les GET pesaient trop lourd sur moi.

J. Philip : En retrait ! Ce n'est pas se retirer. En retrait, pourquoi ?

FO : J'étais fatigué. Je voulais vivre un peu, après 20 ans. Après l'échec des projets CCPI, après l'écrasement3 (2) stages GET financés par la formation permanente loi de 1971, de cette formation des maîtres de classes pratiques, après des difficultés personnelles graves, je me suis senti fatigué... plus envie.

J. Philip : Tu laissais tomber les GET ?

Non je laissais aller les GET. Il y avait des copains compétents : élaboration théorique, monographies, stages, actions extérieures, tout pouvait continuer sans moi. A condition bien sûr qu'il y ait articulation, harmonisation, dans l'action commune. Les « machines » laborieusement mises au point pouvaient fonctionner. Les stages, c'était au point. L'exposition4, la lanterne magique, les GAM (grenades anti mythes), quelques tuyaux aussi, permettaient à d'autres d'intervenir efficacement sans danger.

J. Philip : Mais les livres en projet5 : « Formation des maîtres », « Freud à l'école », « Comment démarrer » ?

Ils étaient pris en charge par d'autres si je ne m'abuse. Je me proposais donc de restreindre mon activité à l'élaboration et à la publication de monographies approfondies. Restant à la disposition des copains pour aide éventuelle : interventions difficiles, moulinette...

J. Philip : Tu demeures donc aussi Responsable publications ?

Non : ma position chez Maspéro s'est détériorée.6 Copfermann publie dans sa collection « Malgré tout », des expériences pédagogiques que je n'avais pas été foutu de recueillir depuis 67. Me retirer un peu, sans gêner : un dictionnaire sur une planche, ça ne gêne pas, on consulte quand on en a envie.

J. Philip : Laisser à d'autres Liberté, Pouvoir, Responsabilités. Des remous étaient prévisibles. Tu as lu comme moi des choses sur l'évolution classique des groupes : la mort du tyran, la fête de la fédération, la fraternité terreur, le nouveau sauveur suprême, tout le monde connaissait.

J. Philip. Tout ça... pourquoi ne l'as-tu pas dit à tous ?

Parce que je n'en ai pas eu l'occasion. J'espérais bien pouvoir parler au conseil de Paris, novembre 1975. Mais ce que j'avais à dire ne semblait intéresser personne. C 'était du passé, du dépassé. Place aux projets grandioses,7 aux jeux de mots. Il a été facile de passionner l'auditoire en étalant devant tous ma vie privée. Aïe ! Je n'étais pas venu là pour me faire dévorer. La PI ça peut servir : un groupe X peut régler à huis clos les problèmes d'argent, de sexe et de mort8 (CCPI page 474). Échec... je suis parti. Personne ne m'a jamais posé de questions.

J. Philip : Tu regrettes qu'on ne t'aie pas posé de questions ?

Je m'en fous. Ce qui m'est arrivé depuis ne m'incite plus à la coopération. La PI c'est peut-être un rêve.

J. Philip : Je ne crois pas. Ça marche dans les classes...

Dans les stages aussi. Quand pouvoirs et responsabilités sont nettement définis. Mais dans les groupes je ne sais pas.

J. Philip : Ce qui t'est arrivé depuis ?

Des mésaventures : 1°) Denise Oury, Fernand Oury et d'autres ont travaillé au livre « SOS psychanalyste »9. Ce travail important n'a pas été reconnu : désagréable. 2°) Me restait en priorité un travail à finir : « Platero y Yo 10» en chantier depuis 66, travail délicat : une institutrice11 osait parler. Très longue et difficile mise en forme et organisation de documents explosifs et aussi de notes disparates et touffues. Le manuscrit bien sûr était à revoir. Des critiques que j'avais sollicitées (moulinette) ont été faites. Mais pas à moi. Et personne n'a cru bon de me faire savoir pourquoi brusquement Anne-Marie L. n'a plus donné signe de vie. Notre travail – pas seulement notre travail hélas – a été neutralisé efficacement12, discrètement. Je ne désespère pas de voir cette monographie publiée anonymement.

Je ne désire plus travailler avec les GET.

J. Philip : Tu continues quand même ?

Oui, paisiblement, à titre personnel. Ce qui se passe dans une classe coopérative et fait évoluer les enfants et les maîtres m'intéresse encore. Et puis la psychanalyse...

J. Philip : donc tu as des espoirs, des projets ?

Catherine Pochet a écrit un an de conseils en cours élémentaire : 600 pages, son démarrage en PI. 9A fera un livre de 300 pages : « Qui c'est le Conseil ? »

J'ai perdu suffisamment de temps.

J. Philip : Mais les livres annoncés...

Ce n'est plus mon affaire.

J. Philip : Alors tout est bien ?

Non. Dans l'esprit du public, GET, PI, et FO demeurent associés. On m'écrit, je rencontre des gens. Je me trouve parfois dans des situations délicates lorsque j'ai à me justifier de certains incidents de parcours que j'ignore.

J'aimerais donc qu'il soit bien entendu entre nous et à l'extérieur que j'ai laissé à d'autres : Liberté, Responsabilité, Pouvoir.

Que d'autres prennent publiquement la responsabilité de ce qui se passe dans les GET.

J. Philip : Comment faire d'après toi ? Question de mots..

VPI et CCPI sont des titres d'ouvrages parus en 1967 et 71 sous la responsabilité et la signature de Aïda Vasquez et Fernand Oury. Ce ne sont pas des enseignes. Vous pouvez trouver d'autres titres pour annoncer des stages qui ont évolué et évolueront encore j'espère. Ces livres peuvent servir, mais pas d'enseignes.

J. Philip : Mais les GET ça continue.

Je l'espère bien ! Mais les GET c'est vous, c'est plus moi. Il y a belle lurette que je ne parle plus au nom du GET. Prenez vos responsabilités. J'ai laissé le pouvoir. Quand on s'adresse aux GET faut que quelqu'un réponde. Pas moi. Pas une boîte postale.

J. Philip. Pourtant c'est ce nom GET qui a fait problème.

Là je ne comprends pas. Ça a avait été réglé en 70. On ne parlait plus du GET mais des GET petits groupes autonomes agissant et signant : GET PARIS, GET Lorraine, GET Nice etc.

J. Philip : mais l'unité là-dedans ?

Ouais, unité, fusion, effusion, confusion. Pas mon problème.

J. Philip. Je crois qu'il faudra refaire ce texte « les GET 13» qui date de 1978 : non! 1968 ?

bien sûr, il est très possible d'écrire l'histoire sans renier ses origines.

J. Philip : En 61 le GTE n'écrabouillait pas Freinet, en 65 le GET ne détruisait pas Fonvieille.

Ce doit être possible

J. Philip : en tous cas c'est souhaitable et urgent

J. Philip : tu as autre chose à dire ?

Non

J. Philip : tu veux relire mes notes ?

Non.

Notes

1 Extrait de Entre Nous soit dit intitulé: E. N. S. D. qui deviendra le Bulletin Intérieur du CEPI, le texte a été saisi par Ch Facca à partir du texte manuscrit de Entre nous soit dit, n°2 paru en décembre 1977. Michel Exertier (ME) a commencé à répondre à des questions qui se posaient pour éclairer certains passages.

2 Ce serait bien de faire la liste des chantiers et de leur thèmes de travail comme il est fait la liste des stages sur le site du Ceepi

ME : Langon : Chantier qui s'est tenu dans les Pyrénées en août, septembre 1978 avec les enfants. (Le premier étant celui de Tantonville (Est) en 1977.

3 ME : FO fait peut-être allusion à l'impact négatif sur nos stages (volontariat) de la formation professionnelle continue, nouvellement promue à cete date (Chaban Delmas).

4 À préciser
ME : L'exposition était celle montée par Fernand - aidé entr'autre par ME – chez MASPERO quartier de la Huchette, pour le lancement de la "brique rouge" : De la Classe Coopérative à la PI. La lanterne magique en était un montage vidéo qui suivit. Les Grenades Anti-Mythes étaient un ensemble de fiches techniques pour torpiller ou se prémunir de questions inopportunes lors des interventions.

5 Préciser si les titres réels sont ceux-là

6 À préciser

7 À quoi fait-il allusion ? ME : Je ne sais pas. Peut-être au projet "Complexe éducatif expérimental "groupant MJC, Ecole + centre de formation +

8 Argent ? Mort ? Sexe.
ME : Les cartes maitresses de FO, celles du Pouvoir ...Je ne sais pas s'il avait à cette époque des problèmes de mort ou d'argent. Je ne crois pas.

9 De quel livre s'agit-il ? ME : Sans doute d'une transcription faite par Aïda Vasquez des premiers entretiens de DOLTO avec Gérard PRADEL

10 Idem Monographie élaborée par A.M. L (je crois), qui fut une GET marquante (R stage St Vincent en 76)

11 Qui ? AM L. ?

12 Par qui ? De quoi s'agit-il ME : ? Je note la perfide allusion de la phrase suivante

 

13 Où est ce texte ? ????? Je vais chercher




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