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COLLECTIF EUROPEEN
D'EQUIPES DE PEDAGOGIE INSTITUTIONNELLE
auteur : veronique
date : 11 octobre 2024

Jean Di Rosa

Jean DI ROSA nous a quitté ce mois de juillet 2024 à 94 ans. Il nous avait fait le cadeau de sa présence aux Rencontres de psychothérapie et de pédagogie institutionnelles ces dernières années. (Photo aux Rencontres en 2017) ;

Ce texte, il nous l'avait confié pour le Journal L'Inattendu, journal paru à la suite des Rencontres de 2017. Merci à Josette pour son accord de parution sur notre site.


 

MA PREMIÈRE RENCONTRE

Ma première rencontre avec Jean OURY a eu lieu au mois d'août 1944.
Deux ans plutôt : âgé d'à peine 13 ans, j'avais eu Fernand OURY, son frère, comme professeur de physique-chimie en 5ème au cours complémentaire de la rue Sartoris (devenu par la suite collège Voltaire). Dans la même classe, Pierre GUATTARI.
Fernand OURY disparut brutalement deux ou trois mois plus tard, arrêté pour faits de résistance. Heureusement, il fut libéré mais aurait échappé de peu à la déportation, semble-t-il ?
Juillet et août 1944 : Débarquement des anglo-franco-américains le 6 juin (le jour le plus long) et Paris libéré le 25 août (Paris brûle-t-il?). Donc juillet et août 1944, je suis inscrit et je vais quotidiennement à la « garderie », située rue Sartoris et animée par Fernand OURY
C'est là qu'a commencé ma rencontre avec Fernand puis Jean OURY. Venu à la demande de son frère interpréter de la musique classique au piano situé dans le réfectoire. Je revois ce grand jeune homme, 1,89 m, 20 ans et demi et qui avait commencé des études de médecine (cela, je l'ai su plus tard). La musique classique, je n'en avais jamais entendu parler, pas plus que les autres garçons et filles qui formions le groupe des grands.Nous devions classer par ordre de préférence les morceaux exécutés. J'ai classé n'importe comment ces morceaux exécutés au piano par Jean OURY qui était également un excellent pianiste !
 
Fin août, fin de la garderie patronage. On rentre chez soi et la vie reprend son cours.
1945 : Un camarade et moi avions décidé d'aller faire du saut en hauteur au stade Victor Basch, à la Garenne, le terrain était occupé par le patronage laïc dirigé par Fernand OURY. Nous nous apprêtions à repartir quand Fernand OURY a organisé ses gamins d'une autre manière et nous avons pu nous exercer comme nous l'avions prévu. Nous étions, le copain et moi, 3 ou 4 ans plus vieux que les garçons et les filles encadrés par Fernand. En fait nous avons sauté en hauteur (je sautais 1,40 à 1,45 m en ciseau, à cette époque) et les gamins sont restés là au spectacle. A la fin de la séance, Fernand m'a expliqué ce qu'il faisait, il m'a dit aussi qu'il cherchait des moniteurs pour encadrer des gamins les jeudis après-midi : « tu es payé pour ce travail » et c'est ainsi que de 1945 à 1948, j'ai encadré tous les jeudis pendant la période scolaire un groupe de garçons ; les filles avaient des monitrices.
Pendant cette période, j'ai eu l'occasion, sans y faire plus attention, de rencontrer Jean OURY
 
Juin 1946 : Fernand m'annonce que pour les vacances, il organise ce qui s'appelait " une caravane ajiste" (c'est le redémarrage des Auberges de la Jeunesse en France) dans les Alpes, à Alviez-le-Vieux, en Maurienne. Si tu connais des garçons ou des filles intéressés, ils peuvent venir. J'ai aussitôt pensé à mon copain Pierre GUATTARI. Quand je lui en ai parlé, il a été intéressé et il a mis en place le scénario (je passe sur les détails) qui a entraîné l'adhésion de ses parents. Pierre placé sous ma "protection" ! Pensez donc !
Au cours de cette année-là 1945-1946, j'avais entendu parler de la façon brillante dont Jean réussissait ses études de médecine : Jean une grosse tête ! Et je l'avais peu rencontré. J'emmène Pierre devenu peu après Félix, ainsi en avait-il décidé, refaire connaissance avec Fernand et content de trouver une personne à sa mesure il s'est mis à lui poser des tas de questions. Peu de temps après, Fernand m'a dit : « Félix c'est trop fort pour moi, je vais le mettre dans les pattes de Jean, il trouvera à qui parler. » La caravane eut lieu. Contents tous les deux d'être ensemble. Nous eûmes un temps plutôt mauvais, et quand il pleuvait, ce n'était pas de petites averses. L'auberge était peu confortable, quelques-uns dont je faisais partie couchaient sous la tente. Nous découvrions la montagne et nous étions enchantés.
En septembre 1946, Fernand nous avait conviés à une sortie à Recloses, en forêt de Fontainebleau, et c'est là que Jean et Félix se sont vraiment rencontrés. Félix avait 16 ans et 1/2 et moi presque 17 ans. Nous savons tous ce que fut l'amitié qui les a unis tous les deux pendant plus de quarante ans. J'étais, nous étions devenus des familiers de la famille OURY et la porte était toujours ouverte pour nous. A partir de ce moment-là, j'ai eu l'occasion, Félix aussi, de souvent rencontrer Fernand et également Jean, toujours étudiant la médecine. Fernand disait : « Jean a toujours été premier en classe, de la maternelle à l'Université. » Une anecdote me revient, racontée par Fernand, toujours lui ; « à une épreuve d'examen, Jean doit parler des os du poignet ; il décrit chaque os, avec précision, comment les muscles y sont insérés et leur rôle, le professeur étonné lui demande où il a appris tout cela ? - Dans les livres, répond-il. Note 6/6. »
 
Les années ont passé. Jean est parti à St Alban-sur-Limagnole en Lozère retrouver le Docteur François Tosquelles. Ils vont peu à peu mettre au point ce qui va devenir la « psychothérapie institutionnelle ». Je voyais peu Jean mais les rares fois où je l'ai rencontré, il avait pour moi un mot gentil, le tutoiement était la règle, avec Fernand aussi, surtout après la caravane d'Albiez-le-Vieux.
De 1948 à 1951, soit deux ans et quelques mois, j'ai gagné ma vie à essayer de préparer le métier de préparateur en pharmacie mais j'ai vite compris que ce métier ne me plaisait pas. J'ai quitté la pharmacie pour travailler dans une usine comme manœuvre en mécanique ; cette expérience m'a permis de rencontrer le milieu ouvrier où je ne me suis pas déplu. Je gagnais ma vie mieux qu'à la pharmacie. Mais j'avais décidé de passer le baccalauréat pour devenir instituteur.
1951 : colonie de vacances à la Bassine, prés de Lacaune, dans le Tarn. Huguette, une amie de Jean Oury, y participait : climat détestable, il pleuvait beaucoup, des vipères partout. Il y avait là une colonie maternelle et une autre pour les pré-adolescents venus de Plessis-Robinson. Je m'occupais du groupe des grands garçons alors que Colette Perrot, institutrice en maternelle, était responsable du groupe des filles. Vite, les petits ont dû être évacués : le temps pluvieux et le froid ayant fait des ravages.
J'étais devenu un familier de Fernand et Jean n'était jamais loin. Devenu psychiatre, il était allé s'installer à Saumery dans le Loir-et-Cher en 1952, il m'avait offert de devenir éducateur dans une institution recevant des enfants et tenue par des sœurs. Jean m'emmenait à Rothère, en pleine Sologne, sur sa 650 BSA : course folle !
Hélas l'évêque a refusé de voir un homme entrer dans cette maison où n'exerçaient que des nonnes. Qu'aurait-il pu se passer !
 
D'octobre 1952 à 1953, je suis pion dans un internat laïc de garçons : je ne sais quels conciliabules ont eu lieu entre Fernand et Jean mais fin février, j'ai reçu un appel de Jean me proposant un poste d'éducateur à Herbault dans le Loir-et-Cher. - Quand dois-je me décider ? - De suite, m'a-t-il répondu.
Et c'est ainsi que le 1 mars 1953, je me suis retrouvé éducateur au château d'Herbault amené par Jean Oury qui était, à l'époque, en train de s'installer à La Borde qui a ouvert officiellement, autant que je me souvienne, le 1 avril 1953. ?
A cette époque, j'ai eu l'occasion de rencontrer Jean toutes les semaines (Jean étant le médecin psychiatre de l'établissement). J'ai connu Josette et nous nous sommes mariés 10 mois plus tard le 31 décembre 1953.
1955 ; Bac réussi, je deviens instituteur à Herbault pendant un an. Puis de 1956 à 1959 instituteur aux Essarts, canton de Montoire. Ce métier me plaît.
Plus de contact avec Jean et peu avec Fernand.
 
1959-1961 : Instituteurs au Poislay, nous remplaçons de vieux maîtres très traditionnels : les enfants avaient surtout le droit de se taire. Nous nous posons des questions. Que devons-nous faire ?
Juin 1960, lettre de Fernand nous annonçant un stage « Techniques FREINET », en région parisienne. Nous y participons, apprenant l'imprimerie, le texte libre et la correspondance scolaire. On met tout cela en route dans nos classes et ça marche très fort (relire Éducation et Techniques de cette époque). Nous revoyons Fernand engagé à fond dans ce travail qui lui a permis de changer LE métier sans changer DE métier.
Jean est entré dans le jeu et a apporté son savoir de psychiatre. Il participe beaucoup à ce qui, peu à peu, va devenir la « pédagogie institutionnelle ». C'est d'ailleurs lui qui a proposé ces termes en parallèle à la « psychothérapie institutionnelle ».
Fernand en classe de perfectionnement à Nanterre a déjà beaucoup écrit, notamment des monographies. Aïda VASQUEZ est arrivée, elle va travailler en collaboration avec Fernand, elle vient à son tour nous rendre visite à Crouy, voir ce que nous faisons ; c'est à cette époque que, à Paris, rue d'Ulm, alors que Aïda prépare sa thèse (1965-1966), nous allons à tour de rôle, lire les monographies que nous avons écrites.
 
De 1961 à 1966, nous remplaçons Jeanne et Henri VRILLON à Crouy-sur-Cosson. Ils étaient ardents freinétistes depuis longtemps et jusqu'à leur retraite. Nous n'avons pas de mal à nous adapter puisque nous avions déjà pratiqué les techniques Freinet. Fernand et Fonvieille ont rompu avec Freinet et ils ont créé le G.T.E. (Groupe de Techniques Éducatives). Fernand, toujours en accord avec Jean, a peu à peu compris et nous avec ceux qui gravitent autour de Fernand : Freud devient familier, nous lisons, nous expérimentons et peu à peu le « conseil de classe » fait partie du travail de classe aussi bien chez Josette que dans ma classe. Nous avons des rencontres avec ceux, hommes et femmes, instituteurs qui mettent au point, tours épaulés par les frères OURY.
Participant aux stages de formation premier ou second degré à La Borde en 1964 et 65.
 
En 1967 paraît V.P .I. (Vers une Pédagogie Institutionnelle) livre dans lequel figure la monographie de « Jean-Michel ». A Crouy, séjournaient des familles dont le père travaillait à l'édification de la Centrale nucléaire de St Laurent-Nouans. Un jour donc arrivent deux garçons dont l'un se nomme Jean-Michel. Il est présenté comme fragile et difficile. C'était son premier contact avec l'école, il entre dans le cours préparatoire. Il entre, la porte à peine refermée, il se met à hurler à en faire trembler les murs de l'école. Josette essaie de le calmer mais sans succès, l'école est pétrifiée car de mon côté, nous entendions ces hurlements qui ne cessaient pas.
Pour mettre fin à cette scène grotesque, j'ai pénétré dans la classe de Josette et, criant très fort à mon tour, plus fort que le gamin, je l'ai en termes vifs « jeté à la porte ». Jean-Michel, effrayé par mes cris, a détalé vers sa mère qui attendait, inquiète, un peu plus loin. Le calme est revenu, la classe a repris tranquillement.
L'après-midi, surprise, Jean-Michel est revenu seul en classe.
A ce moment précis m'est revenu le texte de Jean. J'avais accueilli le gamin récalcitrant comme Jean avait accueilli une pensionnaire peu coopérante. Lors de la lecture de cette monographie, Jean était intervenu et nous avions évoqué ce fait écrit bien avant. Nous avons appris, par la suite, que des gens savants reprenaient cette monographie et la commentaient abondamment. Je n'étais intervenu qu'en tant que directeur d'école de deux classes, sans plus ; il fallait que le calme revienne dans l'école.
Lors de la présentation des monographies du livre, j'ai insisté sur l'influence de Jean OURY, influence qui a permis de concrétiser le livre définitif, V.P.I. dont les auteurs sont Aïda VASQUEZ et Fernand OURY, dans l'assistance, se trouvait Françoise DOLTO. Elle a beaucoup apprécié cette monographie et nous a contacté, ensuite, pour nous confier des enfants à garder pendant les vacances.
 
1967 : Parution de V.P.I. Nous fêtons cela chez nous à Mont et je note encore la présence de Jean, jamais loin des problèmes scolaires. Pourquoi, avait-il dit au cours des tables rondes des stages, les instituteurs ne subiraient-ils pas une psychanalyse afin de mieux comprendre leur comportement dans leur classe ? Au cours de toutes ces réunions, j'ai beaucoup écouté, beaucoup meublé mon cerveau de tous ces propos qui tournaient toujours autour du rôle du maître d'école dans sa classe. Et peu à peu s'installait en nous une autre façon de considérer le métier d'instituteur. L'apport de Jean fut très important . Il nous racontait des cas de personnes qu'il soignait. Nous écoutions attentivement.
 
1964-1965 : Arrivée de ma mère Henriette à La Borde. A la suite d'une cure à Vichy qui s'était, pour elle, très mal terminée, j'avais demandé à Jean de la recevoir et de me donner son avis sur son état de santé. Rie de spécial ne sortit de cette première rencontre, ma mère rentra à la Garenne et, un peu plus tard, par téléphone, elle m'informe qu'elle est revenue à La Borde. Interloqué, je pose des questions : l'atmosphère de La Borde lui avait plu et, d'elle-même, y était venue s'installer, s'y trouvant bien. Elle devint donc pensionnaire de La Borde, fit du travail de secrétariat sous la houlette de Brivette et tout se passa au mieux pendant un temps assez long dont la durée précise m'échappe ; ma mère a ainsi servi de secrétaire pour la réalisation de V.P.I.
Ma mère, rattrapée par son état dépressif n'a plus été capable d'assurer une quelconque tâche à La Borde. La scène suivante a dû se passer au cours de l'année 1967. Un dimanche matin, je vais comme tous les dimanches matins lui rendre visite avec l'idée de la ramener à la maison pour la journée. Je trouve la chambre dans le noir, ma mère couchée avec un linge sur les yeux. M'apercevant, elle m'apostrophe aussitôt, assez violemment : « Va me chercher le Docteur OURY ! - mais c'est un dimanche matin, et il est toujours occupé, lui répondis-je interdit – Va me chercher le Docteur ! Je n'ai pas insisté et je suis allé dans la salle d'attente près de mon bureau. Jean me voyant là, me dit : « Qu'est-ce que tu fais là ? - ma mère m'envoie te chercher.
- Bon, je te demande deux minutes. Presque aussitôt, il me reçoit et je lui raconte la scène que je viens de vivre.
- Mais tu sais bien que le dimanche je suis pris.
- Je l'ai dit à ma mère, elle n'a rien voulu savoir.
Aussitôt, il a mis sur pied le scénario suivant – je vais demander à Bidault, Bidault, tu veux bien ?
Je ne pouvais qu'acquiescer. Bidault a embarqué une étudiante en médecine, stagiaire, pour affronter Mme Di Rosa.
Je veux noter là, l'extrême attention que Jean apportait à tous ses malades, prêt à intervenir s'il le fallait. Bidault a calmé ma mère et la vie a repris son cours.

 
1970 : Décès de ma mère à l'hôpital de Suresnes. Nous étions partis en balade près de Murat dans le Massif Central et c'est la gendarmerie de Murat, alertée par un cousin, qui voyant une voiture immatriculée 41, m'a arrêté et annoncé le décès de ma mère.
Retour précipité. Aussitôt reçu, avec son habituelle gentillesse, par Jean quand nous nous sommes pointés à La Borde.
 
Entre 1975 et 1986, nous travaillons en Savoie dans une section d'éducation spécialisée dont je suis le directeur adjoint, au collège Edmond Rostand de La Ravoire ; Josette est adjointe. Aucun contact avec Jean. Quelques échanges épistolaires avec Fernand et ce fut tout.
De retour en Loir-et-Cher, la retraite venue, je ne prends pas contact tout de suite avec Jean : plein de choses à reconstruire dans notre maison après onze ans d'absence (nous avions loué notre maison). En 1989, je me rends à La Borde pour rencontrer Jean avec lequel j'avais pris rendez-vous. Ce jour-là, j'ai rencontré Félix, je me souviens de son attitude, il me regardait attentivement l'air interrogateur. J'étais devenu grand-père et lui, ne l'était pas. Jean m'a accueilli avec beaucoup de gentillesse. Mes rapports avec Jean et Fernand sont restés lointains à l'époque mais ont existé.
Fernand, devenu très lent, beaucoup vieilli. Nous l'avions revu ainsi que Denise chez eux à Créteil, puis à La Borde, il avait perdu le contact avec le réel et ne reconnaissait personne.
 
1992 : Mort de Félix brutalement, enlevé par une rupture d'anévrisme. J'ai appris sa mort à la montagne où nous séjournions, en écoutant Europe 1. Cette nouvelle m'a bouleversé. Je n'ai pas dormi de la nuit en repassant dans ma tête le texte de la lettre que j'ai envoyée à Jean racontant leur première rencontre à Recloses et aussi quelques moments de notre adolescence commune. J'étais le seul à pouvoir en parler et cette lettre a été accueillie comme un éclairage nouveau concernant Félix qui venait de disparaître.
 
1998 : Mort de Fernand à Blois. Au téléphone, Jean m'explique que quelque chose avait dû craquer dans son cerveau dix ans auparavant ce qui avait entraîné cette lenteur puis la perte de conscience qui s'en était suivie.
 
Les années 2005 et 2006, d'abord puis 2010-2011-2012 ont été importantes, (vacances du 1ier novembre). Jean avait décidé de remettre Fernand dans l'actualité et avait beaucoup insisté pour que je sois présent. Lors de la première séance avec une assistance nombreuse, gens savants qui avaient connu Fernand, les présentations faites, Jean m'a demandé d'évoquer Fernand. J'ai alors réalisé que j'étais le seul, encore vivant pouvant parler de Fernand, jeune homme d'à peine 23 ans alors que moi-même je n'avais encore que 13 ans (et Félix 12 ans et 1/2). Mon récit ne pouvait pas être autre chose que ce que j'avais écrit après le décès de Félix. A ma grande surprise, mon récit a plu et je me suis mis à exister aux yeux de tous ces gens. Jean a montré sa satisfaction.
Les années suivantes, j'ai encore participé à ces réunions puis jugeant que je n'apportais plus rien, je me suis abstenu d'y paraître.
Ma dernière rencontre avec Jean se situe très exactement à la fête de La Borde, le 15 août 2013. Après la fin de la représentation théâtrale, comme il parlait avec Brivette, je suis allé le saluer. Il m'a accueilli avec sa gentillesse habituelle puis replongeant dans les années passées, il m'a appelé « Pitec ». Nous n'avons pas évoqué Félix et je m'étais promis que l'année suivante, en le saluant, j'aurais évoqué Félix et leur longue collaboration et amitié. Trop tard.. !
 
2014 : La table ronde des journées de l'histoire à laquelle j'ai failli ne pas assister, m'a énormément ému et rappelé ce que Jean (et aussi Fernand) ont été pour moi. J'ai fréquenté Fernand pendant 56 ans et Jean pendant 69 ans. Une vie.. !
J'ai notamment bien apprécié la seconde intervention, celle du psychiatre Pierre DEBIN, il me rappelait des propos de Jean et je croyais entendre sa voix.
 
Je veux encore rappeler les faits suivants : sachant que je connaissais le Docteur OURY, des parents de Crouy m'avaient demandé si je pouvais leur procurer une consultation. Jean avait aussitôt accepté. Plus tard, à Mont, ce sont nos voisins qui ont demandé et Jean a encore accepté. Et surtout, avant de recevoir ces gens-là, il me demandait quel était leur niveau financier et il adaptait le prix de sa consultation de manière que le remboursement soit intégral. Cela aussi c'était Jean OURY.
 
Jean DI ROSA



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