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COLLECTIF EUROPEEN
D'EQUIPES DE PEDAGOGIE INSTITUTIONNELLE
date : année 2006-2007

Le texte libre,

voici où j'en suis aujourd'hui.

Cette année, j'ai proposé le texte libre à mes élèves à trois reprises. Cet exercice me plaît vraiment.
Comment j'ai procédé :

Un temps pour écrire. Certains démarrent facilement, d'autres calent. Je les laisse rêvasser, prendre le temps. Si j'observe que ça cale vraiment, je vais discrètement dire un mot d'encouragement. Si l'élève dit qu'il ne désire pas écrire (pas d'idées, pas envie…), je propose d'écrire un texte qui dit ça, qui explique ce qu'il vient de me dire. En général tous arrivent à s'y mettre.

Ils écrivent avec dictionnaire et Bescherelle, et mes encouragements appuyés à y avoir recours. Ce n'est pas facile pour eux de gérer l'écriture et l'attention à l'orthographe. Ensuite, chacun vient chez moi pour un « toilettage » : je souligne des erreurs que je leur demande de corriger avec les outils, le nombre de corrections demandées varie selon leur niveau en orthographe : pour les plus faibles, je corrige beaucoup moi-même. Après ce travail de correction, ils se rendent à la bibliothèque pour taper leur texte et l'imprimer.

Ensuite, nous procédons à la lecture et au choix de texte. Chacun lit son texte, après que nous nous soyons redit les règles de respect dans la classe :

J'écoute et je regarde celui qui parle ;
Je ne me moque pas, je ne ris pas (même pour autre chose) ;
Je ne bavarde pas, je ne chipote pas ;
Je ne fais pas de commentaire sur ce qui est lu ;
Je ne raconte pas ce qui est dit hors de la classe.

Ensuite nous procédons au vote sur papier. Le texte élu est photocopié pour chacun et un extrait est l'objet de la dictée préparée hebdomadaire.

Pourquoi j'aime vraiment cet exercice :

Tous capables : tous sont capables d'écrire leur texte, même Raquel qui, arrivée du Portugal en cours d'année, a pu écrire en se faisant aider par Chaïma. Tous les autres ont écrit seuls.

Avec ce texte libre, chacun dit quelque chose de lui. Certains textes sont très personnels : ils racontent l'histoire de l'élève. D'autre sont imaginaires ou événementiels et ils disent aussi quelque chose de l'élève. Si le texte semble impersonnel, il dit que l'élève ne désire pas parler de lui, donc il dit encore quelque chose de cet élève. A respecter, à entendre.

Avec le texte libre, chacun prend la parole, prend sa parole. Chacun prend une place, sa place dans la classe.

Le moment de la lecture est intense : ils adorent entendre les textes. Et moi, quand j'entends cette mosaïque de morceaux d'histoires, je suis touchée, c'est comme un cadeau que je reçois. Ça me passionne. Je me sens nourrie.

Mes difficultés :

Après le premier texte, plusieurs ont fait « une espèce de rebond » sur le texte d'un autre. En soi, ça ne gêne pas. Kelvin avait écrit sur la formule 1 : pilotes célèbres, descriptions des moteurs etc. Dans son texte suivant, Dylan a raconté l'histoire de Kelvin, qui réalise le rêve de sa vie, devenir pilote de formule 1, jusque là, pas de problème. Mais le texte se termine sur la mort accidentelle de Kelvin pendant un grand prix. Comme je lis les textes pour correction avant qu'ils ne soient « publics », j'ai mis mon veto. J'ai dit qu'il fallait changer l'histoire ou le nom, qu'on ne pouvait pas faire mourir quelqu'un de la classe dans un texte.

Donc je me dis que je dois introduire la règle « je ne mets pas de personnes de l'école dans mon texte ». Or, Sengül par exemple avait cité Samantha dans son texte pour décrire la merveilleuse amitié qui les lie cette année. Ça ne m'avait pas gênée.

Alors quels critères précis déterminer ?
Est-ce que c'est différent s'il s'agit d'un texte de fiction ou non ?
Et si Kelvin avait été vainqueur sain et sauf du Grand Prix ? Je ne pense pas que j'aurais réagi.
Est-ce que ça a plutôt à voir avec le tabou de la mort ?
Ou avec les choses négatives qui nous arrivent ?
Je ne suis pas encore au clair avec cette règle.

Difficulté aussi avec le vote de « copinage », en particulier pour le texte du caïd de la classe. Ça m'énerve de voir élire un texte de « n'importe quoi » à mes yeux. Je sens que je suis moins motivée pour travailler ensuite à partir de ce texte.

Mes projets pour le texte libre :
  • Dans le vote, introduire 2 voix par élève, espérant que la première puisse assouvir le désir du vote copinage et que la deuxième soit davantage un vote pour un texte « valable ». Et travailler avec eux « grandir, c'est apprendre à voter pour un texte et non pour une personne ». En parler…
  • Institutionnaliser le texte libre : il y en aurait un chaque mois.
  • Institutionnaliser le choix de texte, avec la présidence tournante des élèves.
  • Garder et classer pour chaque élève chronologiquement les textes écrits. Ça m'intéresserait de voir, sans jugement ni analyse, si certains écrivent toujours « le même texte », si d'autres évoluent dans leurs écrits. Ça pourrait être une ébauche de monographie…
  • Créer un journal dans mon école, qui pourrait accueillir et valoriser le texte élu.
  • Travailler davantage sur le texte élu : aller plus loin dans les apprentissages à partir de ce texte.
  • Observer s'il y a des ponts avec les livres que nous lisons, dans un sens (écrire suite à un livre) ou dans l'autre (entrer en lecture suite à un texte écrit).
  • Un désir : introduire les ceintures de comportement : qui autoriseraient à se rendre sans moi à la bibliothèque pour taper le texte, et à présider le choix de texte.

Bon, tout cela me paraît bien ambitieux, il va falloir que je détermine mes priorités pour ne pas me perdre en cours de route…
Geneviève, mai 07




5 commentaires

le 04 avril 2012, à 14:39
on peut pas trouver un texte pour
que chacun lis un petis bou vous
ete nul

ambre

le 21 janvier 2013, à 18:08
c'est trop nul

emeline

le 05 décembre 2013, à 22:54
c'est trop nul

Un anonyme

le 06 décembre 2013, à 00:00
Le texte de quelqu'un au travail, élève ou adulte, je ne vois pas pourquoi je dirais "nul". Un site doit-il être le lieu de la parole aboutie, adoubée et figée ou peut-il aussi refléter le travail comme il se fait ? Vaste question. Merci Geneviève pour cet "écho de pratique".

Philippe Jubin

le 26 octobre 2015, à 21:57
Rien que de lire ces commentaires (pas tous), ceux qui proclament que c'est nul, sans autres paroles ni arguments, c'est bizarre, non? d'êrte à ce point sans idées, ni pensées... Le texte est à relire, il me semble, en prenant le temps de la réflexion...

Clara

Un anonyme