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COLLECTIF EUROPEEN
D'EQUIPES DE PEDAGOGIE INSTITUTIONNELLE
date : 11 décembre 2008

Michel Exertier 

PEUT-ON NAITRE "SOUS X" A LA PI?

 

Actuellement, notamment après les rencontres de cet été -soirée "histoire de la PI- et le colloque de Nanterre à la Toussaint, s'agissant "du passé" , des années 70/78,  de la PI, deux sons de cloche se font entendre, que je schématise ainsi : 

-         A quoi bon ressasser le passé? On n'y comprend rien, c'est confus. On est en 2008, faut aller de l'avant. La Pi se transforme. Place aux jeunes.

-         Il y a du non-dit; qu'est-ce qu'il s'est passé entre "les fondateurs", les anciens à cette époque. Ces exclusions, ces départs, ces oubliettes. Y en a qui savent et d'autres pas. C'est pas bon.

Comme disait PREVERT : "de deux choses l'une, l'autre c'est le soleil"!

Le témoin, sinon l'un des acteurs de ce "passé" que je suis ne peux rester indifférent à ces discours. Je ne pense pas avoir gardé par devers moi des informations mises sous scellés ni avoir profité du fait que j'ai été mêlé (c'est le mot!) à ces démêlés pour en tirer profit.

Par ailleurs, il y a d'autres témoins-acteurs et un travail (d'élaboration) ne pourrait se faire que collectivement, que relativement, en mettant en perspectives nos différents souvenirs et représentations et certainement pas publiquement.

Mais sous quelle forme et avec qui entreprendre de travail qui déborde d'ailleurs le CE.EPI ? Est-ce nécessaire? Pas n'importe comment, pas n'importe quand, pas avec n'importe qui., en tout cas. Nous sommes là, du coup, en vrai travail institutionnel. Un vrai travail mono...mais pas à propos d'enfants.

 

Pour l'instant, en attendant que "ça décante", je voudrais faire quelques remarques, personnelles (n'engageant que moi).

Sur cet éventuel travail

Sur la base du volontariat. Mais il ne suffira pas de "montrer patte blanche". Il s'agit de travailler ce qui, collectivement -engagement à la PI- et personnellement,  travaille, voire affecte. Des choses sont en souffrance, qui peuvent être douloureuses.

Ce travail ne pourra être livré, comme tel, dans le domaine public du CE.EPI, ni de la PI.

Correctement entrepris et mené, il ne pourra, cependant, que "faire du bien" , être positif pour le CE.EPI et la PI, même homéopathiquement. C'est d'ailleurs à ce retour qu'on mesurera qu'il y aura eu travail effectif.

Il ne devrait être entrepris qu'après un cadrage clair et qui "fasse loi". Durée, fréquence, modalités -paroles internes libres de toute inscription, de toute "publicité"? Écriture progressive en reprise de ces paroles? Etc. Quid du pilotage? Du droit de dire "stop!"; etc.etc.

Sur les matériaux existants

Ils devraient n'être rédigés-déjà élaborés. Textes déjà existants, notes d'époque, etc. ou écrits pour ce travail.

A ce propos quand on regarde les écrits -rares- qui mentionnent peu ou prou cette période, on constate qu'ils sont  (forcément) partiels et partiaux (CE.EPI compris). Il faudra s'accrocher aux dates et essayer d'y inscrire les faits avérés.

 

Je constate également que les mouvements comme le PIG, AVPI ou TFPI et J. PAIN font allègrement l'impasse sur les dimensions "scission", essaimage, coupure, bifurcation, etc. qui se sont produites. On préfère "enjamber" .... décrire avec flou (mais sans aucune acrimonie ou jugement de valeur) un "mouvement naturel de périgrination"...

  • 1975 : Oury se retire des GTE et des stages et est isolé pendant un temps.
  • 1975/76 : Naissance du groupe "Genèse de la Coopé", à l'initiative de René Laffite. ... Oury tombe sur les écrits de Genèse de la Coopé et une rencontre a lieu entre René Laffitte et F. Oury. Les membres de Genèse de la coopé (René Laffitte, Maurice Marteau, Jean-Claude Colson, Jacques Caux…) entrent au comité d'animation de l'ICEM. Le courant de la PI entre à l'ICEM, mais avec des résistances fortes.
  • En 1979, Fernand Oury rejoint le module Genèse de la Coopérative qui est un groupe de travail de l'ICEM. Ainsi, Fernand Oury réintègre le mouvement Freinet
  • 1992 : Genèse de la coopé éclate en raison de divergences de personnes ayant des personnalités très fortes. " On était arrivé à la conclusion qu'il valait mieux qu'on se sépare en bons termes avant que cela n'explose."
  •  
  • Le mouvement se sépare en deux groupes, AVPI (jEssayer d'avancer un peu, modestement, Association Vers la Pédagogie institutionnelle) et TFPI (Techniques Freinet et Pédagogie Institutionnelle) ...
  • En 1978, des responsables du mouvement Freinet, venant du comité directeur de l'ICEM ou de la présidence de la Coopérative de l'Enseignement Laïc, ont fondé un module de travail intitulé «Genèse de la Coopérative» . Très vite, ce petit groupe invite Fernand Oury et Catherine Pochet à participer à leurs travaux. À la même époque était fondée l'association «Maintenant la Pédagogie Institutionnelle» (M.P.I.) par le Collectif des Équipes de Pédagogie Institutionnelle (C.E.P.I.) animé par des compagnons de Fernand Oury.
  • En 1992, deux associations distinctes, issues de «Genèse de la Coopérative», se sont constituées: «L'Association Vers la Pédagogie Institutionnelle» et «Pratiques de la Coopérative».

On peut en rester là. Constater les dérivations, séparations, retrouvailles, inhérentes à la vie se faisant. On peut aussi, quand on est acteurs et non plus seulement sympathisants, essayer de pousser un peu plus loin : élaborer, tenter de mettre au jour des modes de fonctionnement générateurs d'impasse. Essayer d'avancer un peu, modestement, sur les sentiers escarpés des "ensembles humains", qui sont après tout les lieux mêmes de l'institutionnel,  lieux d'enjeux politiques majeurs.

A ce propos, et en guise, littéralement, de pro-vocation, je poserai deux questions caricaturales.

L1. Lorsqu'un premier de cordée -ou un analyste, c'est pareil- décide, personnellement, de s'en aller alors qu'il supporte l'énergie et la destinée de X personnes qui lui font confiance, qu'est-ce que ça provoque? Comment étayer en urgence pour que ça ne s'écroule pas?

2. Si FREUD,  à contrario de BREUER, n'avait pas entrepris l'analyse du "transport amoureux" de ses patientes, la psychanalyse aurait-elle vu le jour ? La PI peut-elle prétendre être ce qu'elle est et être (initialement) construite sur un refus d'analyse du transfert entre ses militants?

 

Je ne peux m'empêcher d'y songer quand je parcours la description tout de même un peu à l'eau de rose -la bibliothèque idéale?- qui est faite de cette période décisive si gentiment évacuée. Au plaisir de vous lire.

                                                                        Michel EXERTIER  (6.11.08)

envoyé au BI + Robbes, Dubois, Kempf




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