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COLLECTIF EUROPEEN
D'EQUIPES DE PEDAGOGIE INSTITUTIONNELLE
date : 01 décembre 2010

Psss't !!!
Petits échos pour «P.Istes absents», 
et pour ceux présents, des journées de La Borde 2010.

Cour-Cheverny, dimanche 23 octobre 2010, 8h45...

Petit matin blanc d'automne, pas vraiment froid mais frisquet, feuilles des arbres encore vertes tandis que d'autres jonchent le sol... arrivées successives des P.Istes.
A quelques mètres de l'entrée du chemin boisé, les P.Istes du Ceepi sont accueillis par ceux de Cognac. Dans l'entrée, café, librairie opérationnelle ; nous rejoignons les déjà là dans la grande salle et marquons notre présence par quelques livres, mais surtout avec quelques «Paysages» et quelques photos des Rencontres et Journées de Janson.
De l'organisation des deux salles, du temps à la minute près: «logistique» impeccable!
Temps de travail partagé entre auditions monographiques en grand groupe et échanges sur un thème, en petits groupes d'ateliers .
Présence conjointe ces deux jours et demi, des psy et non psy « labordiens » et d'enseignants « péistes », plutôt « ouryens », pas seulement de Cognac, mais aussi de Nîmes, Toulouse et de la région parisienne...
En grand ou petits groupes, en ces temps où tout le monde se coupe la parole, ici, le respect du locuteur était remarquable... Transparaissait également, surtout au travers des ateliers, un travail d'échanges déjà commencé entre les praticiens de La Borde et ceux de Cognac...

Sauf celles du Ceépi et d'un groupe d'Ile de France (sans parti pris, je crois... ), les monographies lues étaient «dommageables»... de par leur longueur, réduisant le temps de discussion-questions à, au plus 10 minutes... Par exemple, celle de Nadège D. et du groupe de Cognac, imprimée dans Écho-PI, occupe 17 pages !!! Autant j'ai trouvé sa lecture intéressante, autant j'ai décroché à l'entendre... Donc, même remarque qu'aux «J.L.B.» 2009: l'exposition de monographies longues, les rend a-réactives... en tenir compte pour l'an prochain...

Dans les ateliers, la parole circulait librement, ce qui n'est pas synonyme de n'importe comment... J'y ai retrouvé le ton et l'ambiance de La Borde, connus en 67 et en 68, mais dans une atmosphère aujourd'hui plus tranquille.(peut-être liée à l'afflux de stagiaires pendant les vacances et la période de 68 ? ).

Arrivée en retard dans l'atelier grille, (outil de travail des» labordiens »), de ce que j'ai entendu et compris, la grille que je connaissais, a beaucoup changé. Elle est devenue multiple, complexe, permettant de gérer simultanément trois lieux géographiques différents définis et leur ensemble, ainsi qu'œuvrer dans le prévisible et l'imprévisible, d'utiliser l'artillerie lourde ou de travailler dans la dentelle, selon les instants de leur quotidien... Beaucoup de questions posées en suspens: salaires identiques quelque soit la qualification... emploi du temps exceptionnellement aménageable avec la vie personnelle... etc... je n'ai pas entendu parler de «retraites» peut-être l'ont-ils fait avant que je n'arrive... ?

Atelier poulailler, le premier où je me suis inscrite... en plus de son réel intérêt, deux frustrations m'y ont poussées
lors de mon passage ici deux années de suite(cf plus haut) prise à plein temps par les soins à donner dans la cure d'insuline(remplacée actuellement par le «packing»), je n'avais pu y aller, malgré ma curiosité .
et la veille, la visite de La Borde guidée par les «poissons-pilotes» (cf. l'emploi du temps), s'est terminée avec celle du poulailler. Il nous restait peu de temps, nous éloignant un peu plus du château, nous atteignons un grand espace où, derrière un manège, des chevaux broutent sur une prairie enclose ; nous croisons un coq, trois poules et des poussins, un chat noir, et quelques chèvres aux couleurs variées, dont une toute blanche, qui formait à elle seule, un réel petit tableau. Sous un grand hangar, perchée sur la plus haute rangée des bottes de paille, éclairée par le soleil, sa silhouette mousseuse presque hiératique, mâchouillant des brindilles, se découpait dans l'or du végétal ... instant de grâce..., mais de poulailler spécifique... point !

Enfin, dans l'atelier poulailler, découverte des origines de son nom, liées à son histoire... de ce lieu privilégié s'il en est un ici, attirant ceux de nous les plus touchés par la folie, comme s'ils savaient qu'un «remmaillage» pouvait se faire là... avec l'aide attentive de ceux qui s'y emploient, en témoigne un extrait de texte de Ph. Legouis:

« Ce que j'ai appris de La Borde: qu'il ne suffit pas d'avoir préparé un tableau dans lequel on peut s'inscrire, pour que la possibilité d'être inscrit dans une institution existe. Que le pensionnaire qui ne sortait plus de sa chambre , voire de son lit,et qui s'inscrit (enfin) dans un métier pour donner à manger aux poules, ne peut parfois le faire que parce-que la responsable du poulailler (et donc des chevaux!) est aussi l'infirmière qui pendant très longtemps lui a prodigué, dans le bâtiment dont il ne sortait pas, des bains quotidiens, et parce-que son chat est mort, et parce qu'un autre chat était en errance du côté du poulailler, etc, etc. et que c'est ce qui a permis, entre beaucoup d'autres choses à ce pensionnaire de traverser un jour l'espace entre sa chambre et le lieu de son métier. »

Autre instant de grâce durant ces jours de soleil et de ciel bleu, deux nuits de gelée blanche eurent raison du vert des feuillages, les nuançant de touches automnales. Lors de nos déplacements, des éclairs mauves, intenses, traversèrent mon regard sans le capter parce qu'en train de parler... mais le deuxième jour, sortant seule d'un atelier, je fus saisie par le spectacle de la beauté offerte : des rais de lumière douce se croisaient entre les fûts droits de grands arbres espacés, tandis qu'une nappe mauve-bleutée à la fulgurance inévitable, orientait le regard vers le sol :
des feuilles mortes, émergeaient comme à peine posées sur elles, des centaines, peut-être des milliers de petites têtes de cyclamens violet-pâle, dressées, fières, serrées, pleines d'énergie et de vie triomphante ; tapissant soyeusement et joyeusement tout le sous-bois .. véritable photo à saisir... instantané pénétrant des lieux :
la vie ... la folie ... la mort ...
tout était là ...

Autre moment fort pour moi, inscrite responsable d'un atelier psychothérapie et pédagogie institutionnelle, similitudes et différences, ayant précisé qu'il ne s'agissait pas d'un travail abouti mais de réflexions et de notes, suite au travail commencé aux Journées de Janson ; poursuivi au Chantier de Sannois cet été, et toujours ouvert... Prise de conscience qu'à l'école, mon travail s'était toujours situé entre les deux... mis à part les 5 ans en classes dites normales, les 35 autres années œuvrant en PI, se sont toujours passées à la marge de l'Institution scolaire. Classes de perfectionnement et rééducations psychomotrices... pédagogie ou psychothérapie institutionnelle ? Pressentiment que c'est la même chose... » comme le dit J. Oury , mais encore...
Le lendemain, dans sa dernière intervention, celui-ci le mit en image :« Psychothérapie et Pédagogie institutionnelle, c'est comme si vous aviez deux curseurs se déplaçant sur un fil, et tous deux se retrouvent au milieu par rapport aux extrémités... »
Travail à suivre...
Reste le pourquoi nous étions là... Si les acceptations des différences individuelles ne vont pas de soi, que dire de celles des groupes ? ? ?

Ces Rencontres de La Borde sembleraient pouvoir contribuer à un début de compréhension entre eux, séparés par l'épaisseur de leur histoire respective ? Les gens d'appartenance au Ceépi y ont tenu leur place comme les autres:
« le chemin se fait en marchant» (A.Machado) et marqué le Conseil par leur présence...
Que pensent de ces journées les autres groupes ou pas groupes, présents ces deux jours et demi ?
Danièle Clairon, (novembre 2010)

Nous étions 4 du CEEPI: Esther Jondreville (une journée et ½), Philippe Jubin, Philippe Legouis, Danièle Clairon ; en inscription individuelle, personnelle: Michel Exertier



 




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