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COLLECTIF EUROPEEN
D'EQUIPES DE PEDAGOGIE INSTITUTIONNELLE
auteur : Cécile
date : 23 novembre 2010

On en parlera au conseil

A. est un élève nouveau sur l'école depuis cette rentrée. Il a été inscrit juste avant la reprise de septembre, à la demande expresse de l'inspecteur, arrivant d'une école privée où son année de CM1 avait été houleuse. La directrice me l'a présenté comme un cas difficile, un enfant qui pousse les adultes à bout.
A. présente des troubles du comportement et des apprentissages. Il est hyperactif, dyslexique et dysorthographique. Il a droit à un AVS trois demi-journées par semaine.
J'ai constaté ses troubles dès la deuxième journée de classe, en septembre. Lors d'une activité de production écrite, il a rapidement commencé à être insolent, provocateur. J'ai revu là un comportement familier, car j'ai pu l'observer à plusieurs reprises l'année dernière chez des élèves ayant des difficultés semblables en ITEP.
Depuis ce début d'année, une aide s'est organisée autour d'A. Son temps est aménagé, il ne vient pas le vendredi car il se rend chez l'orthophoniste et la psychologue. L'AVS l'épaule. Nous avons allégé la quantité d'écrit, adapté les supports. J'ai établi un contrat de comportement pour permettre à A. de faire un bilan quotidien. Je rencontre régulièrement les parents qui coopèrent. La directrice me soutient et n'hésite pas à faire le point avec Anton quand c'est nécessaire.
Ce début de période a été plus difficile. Le traitement contre l'hyperactivité n'est plus très efficace l'après-midi et A. n'arrive pas à dormir le soir. Il a beaucoup plus de mal à se fixer sur les apprentissages en autonomie, s'oppose plus fréquemment, refuse l'aide, s'agite.
Les relations avec les autres élèves ne sont pas faciles. A. provoque souvent ses pairs et se plaint ensuite d'être rejeté.
La semaine dernière a été particulièrement tendue. Mardi après-midi, après la séance de piscine, A. est venu se plaindre des remarques désagréables de certains camarades. J'en ai dit deux mots au groupe avant de partir et là, une vague de protestation s'est élevée : « Mais il nous insulte !!! ». Pourtant personne n'était venu m'en parler. J'ai eu l'impression d'ouvrir les vannes.
Les conflits se sont accumulés jeudi, ainsi que les plaintes. Vendredi matin, A. est allé dans le bureau de la directrice pour une mise au point, car la veille, il avait à nouveau insulté plusieurs élèves en sport. J'ai eu envie de parler un peu à la classe, de dire qu'Anton n'allait pas bien en ce moment, qu'il se mettait alors dans des situations difficiles, mais que la loi de la classe devait être respectée et qu'à ce titre, le comportement d'A. n'était pas acceptable.  Les élèves m'ont dit leur colère, que malgré leurs efforts pour accepter et intégrer A., celui-ci se montrait odieux et grossier envers eux et qu'ils avaient envie de lui casser la figure. Nous avons alors essayé de réfléchir à l'attitude à adopter face aux provocations. J'ai dit alors aux élèves que nous devrions en reparler en conseil. La discussion aurait pu continuer car  nombreux étaient ceux qui avaient envie de vider leur sac. Mais A. n'était pas là pour entendre…
Aujourd'hui lundi, en fin de journée, c'était le moment du conseil. Nous avions trente minutes devant nous pour organiser les métiers et aborder plusieurs points. L'attribution des métiers a pris du temps, peut-être parce que l'organisation que j'ai choisie n'est pas très efficace. Il y avait aussi de nombreux gêneurs. Les élèves ont beaucoup de mal à attendre, à s'écouter. J'ai arrêté le conseil quelques minutes avant la fin, les conditions ne me semblaient plus réunies et les trois minutes restantes semblaient bien insuffisantes pour aborder les critiques au vu des questions à régler. Nous n'avons donc pas évoqué les difficultés avec A. J'en ressors frustrée car j'ai l'impression que je n'arrive pas à mettre en place correctement une institution qui fonctionne. Je me questionne sur le temps à y accorder (je trouve déjà que je passe trop de temps à mes yeux à réguler des conflits qui ne peuvent pas attendre et 30 minutes ne semblent pas suffire), sur les modalités (Je ne suis pas sure que rester chacun assis à sa place dans la classe soit une bonne idée, faudrait-il s'installer dans un autre lieu ?) et je me demande alors même si du coup je ne saborde pas le moment qui permettrait de mettre les problèmes à plat, évitant par là même d'ouvrir la boîte de Pandore. Peut-être crains-je au fond de devoir gérer la confrontation du groupe avec A. ?
A ce train là, ce n'est pas demain que les élèves vont pouvoir critiquer la maîtresse au conseil.

Cécile

 

Questionnement :

  • L'année dernière dans le privé, a-t-il été renvoyé ?
Non mais gros problèmes dans cette école donc les parents ont préféré changer.
  • Sa dyslexie se traduit comment ?
Très peu d'attention, énormément d'erreurs de copie, difficultés pour utiliser le cahier, en graphisme, très fatigable. Comprend un texte lu mais difficultés à retranscrire par écrit ce qu'il a compris.
  • Qu'est-ce que tu crains dans la gestion de la confrontation ?
Il y a un ras le bol du groupe, les autres ont essayé de comprendre ses différences mais ils ne peuvent plus maintenant. Si ça sort au Conseil, ça sera une grosse vague de critiques.
  • Il y a un point spécifique à l'ordre du jour pour Anton ?
Il n'était pas prévu mais je l'attendais.
  • Comment est organisé le Conseil ? les questions des élèves ?
L'ordre du jour est affiché. Il y a un cahier où les élèves écrivent leurs remarques, leurs critiques… avant le Conseil.
  • Comment devrait fonctionner cette institution selon toi ?
Ca ne fonctionne pas car manque de temps pour tout aborder, surtout à cause de l'attribution des métiers, trop longue, alors on déborde.
  • « craintes » ?
La classe va le lapider. Ras le bol du groupe. Anton est malade. Comment gérer une vague de critiques. Frustrée par la gestion du temps, l'organisation.
  • D'autres conflits à régler à part Anton ?
Oui, mais pas majeurs.
  • « Je crains au fond.. » Le Conseil ne te permet-il pas de cadrer (dans l'idéal) ?
Dans l'idéal, ça servirait de médiation. J'ai senti une grosse montée de ras-le-bol. Comment va-t-il prendre autant de critiques ? Lui tout seul ?
  • Anton participe-t-il pour les métiers ?
Oui
  • Quelles sont les balises de « ton » conseil ?
Mon rôle consiste à rappeler les règles (moqueries…), pointer les gêneurs, arrêter le conseil si jamais ça partait, si ça dérivait…
  • Vendredi matin, quel était le cadre de cette discussion avec la directrice ?
C'était informel, ça a duré 20 à 25 minutes. Plusieurs élèves ont parlé du problème avec Anton.
Au conseil, on parle de la classe, de la vie de la classe, on pourrait y parler de ce problème. La loi doit être respectée, ainsi que les tours de parole. On ne peut pas y prendre la parole de façon intempestive, sinon on est gêneur (3 remarques)
  • « Anton n'était pas là pour entendre. » Et si il avait été là ?
J'ai choisi ce moment parce qu'il n'était pas là. J'ai du mal parfois avec sa différence (comment en parler ?) J'étais un peu son avocate. Là, j'ai pris le temps, on a eu le temps d'en parler.
  • Quelle pourrait être la réaction d'Anton, si on soulevait ce problème au Conseil ?
Il risque de nier ce qu'il a fait. C'est l'autre, toujours. Non acceptation de la responsabilité de ses actes.
  • Comment se passent les critiques au conseil ? Y aurait-il eu possibilité que ça se passe en duel ?
Avec les maîtres-mots, il y a un droit de réponse de la personne critiquée. L'enfant peut rajouter des choses.
  • Personne n'était venu en parler avant ?
Non, parce qu'en début d'année, lorsque j'ai présenté les difficultés d'Anton devant la classe, ils ont compris qu'il était différent (pas la même chose).
  • Quelle est sa place ?
Il est différent. Il est handicapé (MDPH)
  • Qu'est-ce qu'un hyperactif ?
Très impulsif. Il provoque les autres en les cherchant continuellement.
  • Est-il soumis aux mêmes lois, aux mêmes règles que les autres élèves ?
Oui
 

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